lundi 2 mars 2009

Chapitre 6

Des baffes ! Je me foutrais des baffes… mais quelle imbécile.

Je suis folle de colere, et cherche une chose pour passer mes nerfs. Son paquet de cigarette traine sur la table basse, parfait, c’est le moment ideal de me remettre a fumer.

La stuyvesant bleue me fait un bien fou. J’avais oublie a quel point c’etait bon. Ma poitrine se dessert un peu, ma colere cede bientôt la place a une irrepressible envie de rire. Je me sens tellement legere alors que je devrais passer a la scene trois, et commencer ce que je fais tres bien, lui soutirer de l’argent.

Mais c’est difficile maintenant.

Je me repasse le film des trois dernieres heures… qu’est ce qui a cloche ?

Le coup de telephone pour lui dire que le diner était a mon appartement, le menu faussement simple, le « sur le pouce d’hediard », la conversation animee sur les collections celebres, mon laius sur ce nouveau venu tres tres prometteur dans le monde de la peinture, le tout arrose d’un excellent cru de bordeau blanc.

Puis les choses plus serieuses, sa main qui s’avance, je me laisse caresser, d’abord sans rien faire comme si je ne ressentait rien. Puis je me laisse embrasser, deshabiller, sur le canape, car avec sa femme il fait toujours l’amour au lit alors c’est plus exotique.

C’est la que ca s’est corse. D’habitude c’est comme un scenario bien rode. Une machine bien huilee. Jamais ca ne m’était arrive…

J’ai reagis. Pour de vrai. J’ai commence a ressentir que je perdais le contrôle. J’ai boien essaye de le reprendre et j’ai cru y arriver, mais non j’ai tout lache.

Et voila, apres toute cette vie a etre maitresse de moi, de mes reactions, de mes emportements… je me mets a jouir. Comme une conne… La colere me reprends. Ca n’aurait jamais du arriver. Jamais, et surtout pas avec Marc.

C’aurait été avec toi encore, c’aurait été avec quelqu’un d’autre je n’y aurais pas accorde d’importance, ou plutôt si, j’aurais été ennuyee, mais avec lui… Oh non, non, non !

Le bruit du vase que je viens de briser sur le sol de marbre est assourdissant. Cela calme mes nerfs immediatement.

Mais qu’ est-ce que tu fais ? Qu’est ce qui ne vas pas ? le visage de Marc est vaguement inquiet devant cette furie enroulee d’un drap, au milieu des debris de cristal.

Devant l’absurdite de la situation, j’eclate de rire. Et nous nous mettons tous les deux a rire, cela se transforme en fou rire, nous en pleurons… Nous n’arrivons plus a nous arreter. Nous avons de nouveau 20 ans, ma vie est encore devant moi, je suis amoureuse pour la premiere fois, et je viens de vivre ma premiere fois.

Je suis encore emerveillee qu’il m’ai defloree avec tant de tact, de douceur. J’ai eu mal, je n’ai pas eprouve le plaisir que les magasines idiots me promettait, mais le simple fait d’avoir fait l’amour avec celui que je convoitais depuis un an, me faisait penser et passer a autre chose.

Il fut tendre et prevenant, et nous recommencames, encore et encore, jusqu’a ce que j’ai trop mal. Mais je ne lui ai rien dit… j’avais si peur qu’il ne se vexe et ne veuille plus me voir. C’est lui qui a declare n’en plus pouvoir.

Puis nous refimes l’amour tout un hiver, plusieurs fois par jour, toutes les fois que c’était possible. Je n’ allais bien sur plus en cours, mais rien ne m’interessait hormis etre a lui, me peletonner dans ses bras apres, et sentir son desir renaitre encore et encore. Cela devenait une drogue. J’aimais par-dessus tout sentir le pouvoir que j’ avais sur son sexe, le faire durcir d’une simple caresse, puis voir son regard chavirer alors que j’en osais une nouvelle.

Je n’eprouvais toujours pas de plaisir, mais tant pis. C’était secondaire, puisque JE lui donnais un orgasme. Cette toute puissance m’enivrais, j’etais, au sens premier du terme, sa maitresse. La toute puissante maitresse de sa jouissance, de son plaisir.

Je me mis a chercher de la literrature sur le sujet, et je lu les ouvrages des grandes courtisannes et les contes erotiques du XVIII e. Je devins une amante imaginative et concentree. Je lui disais que j’etais prete a tout pour lui.

Je sentais bien que nous n’etions pas comme les autres « couples » de la fac. Nous ne sortions jamais dans les bars, n’allions pas aux expositions, ne faisions pas les mercredis au cinema, n’allions pas nous promener dans Paris.

Nous passions notre temps dans sa chambre et le temps froid de février céda la place a une douceur printanière. Je lui suggerais que nous pourrions aller au jardin du Luxembourg, tout prêt, pour une fois.

Il me dit que seul mon cul l’interessait et que marcher main dans la main ne faisait pas partie de notre relation. Je n’en fut meme pas blessee, tant mon role me convenais. C’est a ce moment la qu’il me parla pour la premiere fois d’essayer autre chose, pour eviter l’ennui, la routine. Je le laissais m’expliquer son idee.

Il connaissait un groupe de jeunes, des mecs et des nanas de son groupe de reflexion qui « faisaient des trucs ». Quels « trucs » ? Des choses nouvelles, des essais pour inventer autre chose. Ils ont une approche globale de la societe et le sexe est une des voies les plus novatrice. Je ne comprenais rien mais j’ etais prete a essayer pour lui, pour rester maitresse de sa vie sexuelle. Cette place je la tenais et pour une fois dans ma vie j’etais importante, et comme tout le monde, et desiree. Je ne laisserais pas ca m’echapper alors c’est le cœur leger et le corps disponible que j’allais a notre premiere reunion.

En fait de groupe, il n’y avais que des hommes. Pas des garcons, non des hommes d’age mur. Des messieurs tres sympathiques, cultives, qui menaient des debats animes et fort interessants sur des sujets divers.

Marc me dit que ce soir la c’était comme ca mais que bon ce n’était pas bien grave parce que lui ca l’excitait de me voir partir, d’imaginer, puis de rentrer et que je lui refasse la même chose a lui.

Je sentais bien que quelque chose clochait mais rien que l’idée que je puisse le perdre me faisait accepter toutes ses fantaisies.

Mon premier client, je ne sus pas qu’il payait. Il fut gentil et charmant. Je ne me souviens pas combien de temps cela dura mais j’essayais de retenir ce qu’il faisait pour le refaire a Marc.

En effet de retour a l’appartement, ce dernier me proposa pour une fois de passer la nuit entière avec lui. Cette progression dans notre intimité me bouleversa, et me paya pour la vague honte que je ressentais.

Il fut honnete, et me dit tout. Que le copain en question était en fait un mec qui avait envie de quelqu’un de jeune et que ce « service » fut bien rétribué.

J’entrais dans une colère absolue. Il était devenu un maq, et avait fait de moi une pute.

Je claquais la porte et rentrais chez mes parents en larmes.

Ma sœur venait de partir, ma mere était confite de desespoir, mon père nous fuyais quelque part en Afrique de l’ouest avec son regiment, et moi j’etais devenue une prostituee.

Je retournais le lendemain a la fac, les yeux rouges et je me mis a fumer.

Et il était la… je ne voulais plus le regarder, mais rien que sa presence me brulait. Je sentais son regard dans mon dos. Je me mis a ne plus dormir, n’arrivant plus a manger. J ;essayais de me sortir de cette dependance, et un soir n’ en pouvant plus j’essayais de parler a ma mere. Sa reponse fut cinglante :

-Ah non, ne vas pas plus loin… Une depravee dans cette famille ca suffit. JE ne TOLERERAIS pas qu’une autre Leclerc de Ferrand se conduise mal. Alors avant d’aller plus loin, Selena, fais bien attention a ce que tu vas dire.

Le regard de ma mere m’empecha d’aller plus loin. Comment expliquer a cette femme, que tous qualifaient de parfaite, qui faisait l’admiration des autres epouses de la garnison, et la fierte de son colonel de mari, qui venait de voir sa fille de 17 ans, enceinte partir retrouver un amant africain, que sa fille ainée était tombée amoureuse d’un proxénète. L’enormite de la chose arreta la confession au bord de mes levres.

En desespoir de cause, j’ecrivais a ma sœur, juste pour me confier, sachant que la lettre ne lui parviendrai jamais.

J’ etais de plus en plus mal. Je ne supportais plus la fac, mais encore moins de ne pas le voir et la, je savais que je le trouverai.

Quatre semaines plus tard, je voulus avaler un tube de somnifere, mais je n’eu pas le courage, et je sus que je devais faire quelque chose. Sortir de cette souffrance, mais n’ayant pas le courage de mourir, je devais le retrouver et reprendre cette relation qui était devenu mon oxygene.

Je pris le parti de venir chez lui. Nous n’avons rien dit, n’avons pas fait l’amour mais juste passer la nuit dans les bras l’un de l’autre. Ce n’est que devant un cafe creme, le lendemain qu’il me dit qu’il avait besoin d’argent. Je lui dis que j’avais besoin de lui.

Et la, 15 ans plus tard, alors que je met en place la vengeance que je muris depuis si longtemps et qui devait me liberer , je jouis pour la premiere fois de ma vie.


jeudi 4 décembre 2008

Chapitre 5

Je marche dans les rues de Paris, heureuse de ne plus etre obligee de te supporter. Je ne suis la que depuis hier mais déjà tu m’as collee a trois diner, deux dejeuners et la soiree de bienfaisance pour ta cretine de fille, qui me deteste. A juste raison apres moi elle n’aura plus rien sur son heritage !
Et oui je marche, bien decidee a me confronter au passe, a ce passe qui me colle a la peau. C’est fou que ce voyage m’ai donne la force de revoir Marc. La force ou la haine je ne sais pas encore trop.
Mais je savoure d’avance la tete qu’il fera en me voyant, je sais ce que je lui dirai en lui envoyant mon sourire le plus charmeur, cet air qui fait cracher des millions a ces cons de banquiers… quinze ans que j’attends ce moment, en le redoutant, en le revant, en le peaufinant, sans jamais avoir le courage de le vivre.
Alors oui ce matin je suis prete. Enfin !
J’arrive devant le cafe de notre fac, il a trouve charmant l’idee de ces retrouvailles a cet endroit precis. Comme prevu il est la, puisque je suis en retard.
Ah cet air… Ah cette figure decomposee, lorsque je suis debout devant lui…
Selena ? c’est toi ? non ?
Mais oui je suis comme le vin je me bonifie en vieillissant. Je lui depose une bise d’enjoleuse.
Tu portes toujours Shalimar ? Comme… avant ? sa voix marque a peine une legere hesitation sur le mot.
Non, j’ai change, mais en souvenir de toi j’en ai achete un flacon… Il prend mon rire en pleine face, déjà conquis.
Tu as change.
Pas toi toujours aussi seduisant, avec juste quelques lignes autour des yeux, et je souligne doucement mes paroles d’un regard appuye sur ses rides. Puis je descend jusqu'à la bouche.
Il rougi violement, Ils sont tous pareils, j’en ai marre que ce soit si facile…
Alors parle moi de toi… lui demande-je dans un sourire.
Oh rien de bien folichon, je suis marie comme tu le sais, j’ai deux filles, des jumelles, elles ont 10 ans, et ce sont des princesses…
Il continue de parler pour cacher sa gene de son petit bonheur bourgeois, de son pavillon de banlieue ouest, de sa passion pour la chasse a cour, et de ses chiens…
Quel con ! je n’en reviens pas qu’il soit devenu cela. Nous devenons ce que nos parents veulent faire de nous dixit ma mere. Et bien si cela a echoue pour moi, ca a reussi avec lui !
Ou est passe le bourreau des cœurs, celui qui faisait chavirer jusqu’au chargees de TD, celui qui arrangait les foules en promettant un avenir meilleur ?
Ou est passe celui qui m’a fait tout arrete par amour, celui grace a qui je suis devenue une pute ?
Tu bois quelque chose ? toujours du the a la menthe ?
Au jasmin, je buvais du the au jasmin, mais non maintenant je bois du champagne…
Ah ? alors deux coupes… mais bon a 10 heures je n’ai pas l’habitude, oh et puis tant pis c’est fete puisque je te retrouve. Bon sang ce que tu as change, je n’en reviens pas !
Pour quoi ? j’aurais du rester la becasse qui t’applaudissait, qui t’adorais, et que tu…
Tu es tres gentil, mais bon c’est normal, nous evoluons tous… je levais ma coupe et lui lanca un « salud » qui acheva de le conquerir.
Parle moi de toi, qu’est ce que tu as fait apres notre derniere annee ?
J’ai avorte de l’enfant que tu m’as fait, et j’ai continue faire ce que tu m’avais appris a faire…
Je me contentais de lui donner la version officielle, celle de la brillante avocate qui entra dans un cabinet de juristes a Geneve, et qui arreta de travailler apres avoir epouse son patron. Qui eu la tres bonne idee de mourir un an plus tard. Alors n’ayant plus le gout du barreau, je voguais de continents en continents, dans une vie oisive mais passionante, me dediant a des œuvres de bienfaisance. Je lui parlais de mon appartement a Lausanne, plus tranquille que Geneve, et de mes frequents voyages pour les besoins de ma fondation pour la promotion de l’art contemporain.
Je ne lui parlais pas des dettes de mon cher mari, qui s’obstinait a se croire excellent boursicoteur, et qui a fini ruine, en slip… et moi aussi. Je ne lui parlais pas ensuite, de ce que je fis pour me sortir de la merde financiere dans laquelle mon cher et tendre m’avait laissee, ni de la soif d’argent qui me pris et des magouilles que je montais sous pretexte de promotion de l’art… Je ne lui parlais pas non plus de toi, qui m’attendais a l’hotel.
Ah, et bien on aurais jamais cru que tu irais si loin… dit-il, maladroit. Enfin non c’est pas ce que je voulais dire, c’est juste que… enfin bon tu n’etais pas tres… tres…
Tres ?.. brillante ? je finissais sa phrase.
Ok, je m’enfonce. Desole, je ne voulais pas mais c’est vrai que quand on a eu notre petite aventure, tu ne cassais pas des briques alors que maintenant tu es sublime ! si si sincerement tu es tellement femme, et… ouah j’en perd mes moyens.
Non ne t’excuse pas, tu as raison ! je ris alors que j’avais envi de le mordre. Et toi tes soucis financiers se sont arrange j’ai l’impression. Dis-je en lancant un regard a la festina qui ornait son poignet.
Ca ? oh oui ! c’est un cadeau de ma femme, elle a une bien meilleure situation professionnelle que moi, elle est top manger dans un labo pharmaceutique, ca te choque qu’elle gagne plus que moi ?
Non, ca ne change pas… merde pourquoi j’ai dit ca ? quelle conne ! bon c’est trop tard alors assume…
Oui je ne suis pas fier de ce qui s’est passe… mais tu etais d’accord et puis on était jeune, un peu dejantes… son regard est affole, il croit que je vais le planter la sans qu’il puisse me sauter de nouveau.
Je rattrapais la situation en posant un doigt sur ses levres : Chuuuuuuttt, si je t’en voulais je ne serais pas la.
Oui c’est vrai je suis bete… il est rassure – je pense meme que tu eprouves encore des choses pour moi - il s’ enhardi le bougre et se dit que je suis toujours amoureuse de lui…
J’eclate de rire.
Je suis percee a jour, durant toutes ces annees tu as été mon regret. Et je l’acheve en lui posant un baiser leger sur les levres…
Le visage de Fatoumi passe et je le chasse. Non aujourd’hui je quitte la vie d’avant, je quitte tout ce qui me reste de rancœur, je passe a autre chose demain.
Mais avant il me reste un pigeon a plumer…
Je jette un billet de 100 euros sur la table sans le laisser payer…
Nous nous revoyons dans 15 jours a Lausanne alors ? Je serais heureuse de te retrouver pour le vernissage de ma nouvelle expo…
Le baiser que je lui donnai fut le plus lent, le plus profond de toute ma carriere…

Chapitre 4

Nour danse autour de moi et chante a tue-tête. Ca fait du bien d’entendre son rire cristallin. Le silence qui règne chez Minou et Brahim, depuis que nous sommes revenus en hâte de Ségou, me rend folle.
Je rougis à l’évocation de cette honte incommensurable, cette horreur que j’ai commise, que nous avons commise. Je serre très fort les yeux pour chasser cette vision.
Tu as encore combien de temps a attendre ? me demande Minou froidement
Deux heures, réponds-je sans la regarder lâchement. Mais tu n’es pas obligée d’attendre avec moi, rentre, Nour va avoir envie de dormir et…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que ma tête explose. Comme dans notre enfance Minou vient de me gifler a toute volée. Des petites taches noires dansent devant mes yeux tandis que ma joue me cuit violement.
Minou pleure, et moi aussi … Nour s’est arrêté de chanter et de danser et reste immobile, interdite devant ce geste de violence de sa mère.
Tu l’as mérité ! Chuchote Minou. Je suis désolée mais il fallait que ca parte, que je puisse te dire que je t’aime avant que tu partes et que je ne te revoie que dans de longs mois. Je suis si en colère de ce tu as fait…
Nous,
Oui, vous, mais enfin tu es plus responsable…
Quoi ? Mais on était tous les deux et lui aussi était a poil je te signale ! Je suis outrée.
Si tu sais tres bien qu’en tant que femme on peut dire non !
Oh, je suffoque devant tant de mauvaise fois, mais on dirai maman quand tu parles comme ca ! décidément être mariée a un musulman ne te vaut rien…
Laisse Brahim en dehors de cela ! Parce que je te signale que c’est le seul a te défendre, tout musulman qu’il est ! Minou crie et tout le monde nous regarde – cela deviens intéressant, ces deux toubabs qui se disputent…
Je regarde le bout de mes chaussures. Je vais cailler à Paris avec des sandales estivales. J’aurais peut-être du prendre mes autres chaussures. Oui penser a des choses futiles, ne pas revoir les visages des invites de la fête, ne pas revoir la figure de cendres d’Hélène, ne pas entendre la belle-famille m’insulter, m’invectiver alors que je monte dans la voiture et que Brahim démarre en trombe.
Ne plus penser a ces deux jours qui furent les plus longs de ma vie,
Mais me dire que demain je reprendrai ma vie de chienne de race en laisse que l’on promène de cocktails en vernissage, que l’on caresse, que l’on cajole… Tu vas m’attendre a l’aéroport.
Tu étais si heureux de savoir que je rentrais, tu fus charmant, a ton habitude ne me posant aucune question, te contentant de prendre un train pour me rejoindre a Paris.
Pour être plus vite avec toi, ma beauté, et nous resterons le week-end entier ! Je prends des places pour le théâtre, et nous dinerons chez… non je ne te dis rien ce sera une surprise ! je t’aime et je suis si heureux que tu me reviennes rien d’autre ne compte que toi et ton sourire, même s’il est rare !
Pourquoi ? Pourquoi as-tu fais ca Sélèna ?
Mais tu m’emmerdes a la fin… j’explose de ces deux jours ou elle me fait la leçon, alors que je suis déjà morte de honte.
Je te dis que nous étions deux et ca ne se commande pas. Tu sais ce que c’est pourtant les pulsions et ben c’est ca… une pulsion, un truc que je ne pouvais pas contrôler et je suis désolée pour Helene, je suis désolée pour toi et pour Brahim. Mais cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu envie d’un homme, alors je n’ai pas résiste et…
Mais enfin, le jour de son mariage !
Oui je sais, je suis désolée, que te dire de plus ? Aucun mot ne peut excu…
Merde ! Encore vous ?! Laissez la tranquille…
Excusez-moi mais je dois lui parler, lance Fatoumi sans me quitter du regard.
Ah non alo…
Laisse-nous s’il te plait, Minou, s’il te plait. Je ne la regarde déjà plus et elle s’éloigne avec Nour persuadée que sa mère va lui acheter une glace.
Reste !
Pour être ta seconde femme ?
Non pour être ma maitresse, je ne te veux pas enchainée, je te veux libre comme un oiseau,
Oui c’est plus commode en plus… Comment va Helene ?
Elle pleure, comme d’habitude, mais pour une fois elle a raison. Elle ne veut pas repartir en France car elle dit que tu m’as envoute et que son amour arrivera à me sauver de toi.
Je regarde son beau visage d’ébène, et la chaude puissance de sa voix me donne la chair de poule. Nous sommes de nouveau deux êtres de chair l’un en face de l’autre et nous pourrions de nouveau faire l’ amour la, devant tout le monde dans cet aérogare, comme la première fois dans la cour de la maison du griot.
Non, je ne veux pas… je ne veux pas être a toi, ni être a qui que ce soit. Je suis moi et seule… je ne resterai pas avec toi de toute façon, tu ne peux pas me donner ce que j’attends.
Le sais-tu toi-même ? son regard fouillai mon âme.
Non tu as raison je ne le sais pas – mais je sais que ce n’est pas avec toi que je le trouverai… je me détournais et la main qu’il avança rencontra mes cheveux.
Brusquement il me prit dans ses bras et m’embrassa, comme on se noie.
Et bien mon neveu tu es reste trop longtemps en France, on ne traite pas les chiennes par des baisers mais par des coups de pieds.
L’oncle de Fatoumi, commissaire de l’aéroport se dressait devant nous. Minou, qui l’avait rejoint voulu rétorquer mais je lui dis sèchement que cela n’était pas la peine.
Venez avec moi je vais vous faire passer et vous mettre personnellement dans l’avion. Je serai sur comme cela que je ne vous reverrai pas.
Je peux lui dire au revoir quand même ? lâcha hautaine Minou. Elle m’embrassa, et le baiser qu’elle me donna fut sale, et amer. Je ne serais pas la pour la naissance de son fils, le verrais-je un jour ?
La petite Nour noua ses bras autour de mon coup : ne t’en va pas tata Sesse… je t’aime, reste s’il te plait.
Au revoir ma lumière, je te verrais chez Granie, pour noël.
C’est vrai, maman ? le visage de la petite puce s’illumine, on pourra voir tata sous la neige ?
Oui, non – je ne sais pas… le visage de Minou montre qu’elle aussi sait que je ne serai pas la pour Noel, je ne serai de toute façon pas la bienvenue.
Tu ne verras pas ton neveu ? et pourtant j’avais besoin de toi… de ta force, si cela deviens aussi dur que la dernière fois ?
Non – je rétorque violemment, comme si elle ne savait pas que je n’étais pas libre, enchainée a ma vie de demi-mondaine.
Je marche derrière l’oncle de Fatoumi, il est gonfle de son importance, et je soutiens sans peine son regard de haine lorsqu’il me rend mon passeport dans la salle d’embarquement.
Je monte dans l’avion après les contrôles d’usage, et je me retourne en haut de la passerelle, il m’a fallu trois semaines…
Pour détruire la vie d’Hélène, faire pleurer ma sœur, m’attirer la haine d’une famille qui m’a reçue en amie, et pour retomber amoureuse, quinze ans après.

vendredi 3 octobre 2008

Chapitre 3

La route me tue les reins... j'ai des crampes tant les chaos sont fort. Nour, mon adorable nièce, dors contre ma hanche et je ne veux pas la réveiller. Le 4x4 de Brahim est confortable mais cette foutue route pour aller a Segou est une véritable fondrière. Nour a chaud et ma robe va être toute froissée, heureusement qu'Helene a prévu des vêtements pour la cérémonie.

je pense a son visage rayonnant lorsqu'elle m'a demande d'être son témoin, elle semblait si belle, si neuve, tellement heureuse. C'est beau le bonheur des autres mais c'est aussi exaspérant. Se souvenir qu'il y a 15 ans - une éternité - je le ressentais moi aussi...
Comme je me sentais bien alors lorsqu'il me regardait du haut de l'amphi, il avait ce je ne sais quoi qui me faisait penser a un acteur americain des annees 50. La bouche close, et etiree vers les tempes, ce regard qui plongeait jusqu'a mon ame, ces cheuveux gris precoces lui donnant, paradoxalement, un air plus jeune, et surtout sa main douce et longue que je pouvais regarder des heures durant...

Ca fait plaisir de te voir sourire enfin, ma cherie ! lâche Minou en se contorsionnant pour me regarder.
Va te faire foutre, dis-je furieuse de cet abandon.

Minou se retourne boudeuse, a juste raison, je regrette, tant pis !

Brahim souri dans le retro, il sait ! Son visage me dit stop, repose toi, arrete de souffrir.
Minou qui a intercepte cet echange muet, explose.

Et bien vas-y defends la, je me fais insulter et tu ne dis rien ? tu ne me defends pas ?
Te défendre ma tendre dulcinée ? contre ta propre sœur ? allons tu me tuerais de tes beaux yeux verts si j'osais intervenir ! rigole Brahim

Nous éclatons de rire en même temps, et Minou l'embrasse...

Connard adore, lâche t'elle et toi tu ne pers rien pour attendre je me vengerais.
Pardon Minou mais je n'aime pas tes paroles douces amères...
Oui ma belle, excuse moi aussi je te taquine et pourtant je ne devrais pas... elle redevient sérieuse, presque triste... après ce qui s'est pa...

Stop, je l'interromps, je ne veux pas en parler a défaut de ne plus y penser...

Bonjour ma lumiere,

Nour s'éveille doucement et les yeux plein de rêves encore, elle pose un regard interrogateur sur moi.

On est bientot arrives ?
Papa ? j'ai envie de faire pipi...
Oui ma puce on arrive dans 10 minutes, ment effrontement Brahim, on est a plus d'une heure de la ville...

Je pense a Helene qui doit être en train de se battre avec sa belle-famille... Mais qu'est ce qui l'attend ?
C'est bisarre, j'ai peur pour elle, j'ai envie de la proteger !
Decidement la chaleur ne me vaut rien je deviens sensible...

Mon portable vibre, un SMS... c'est de toi... Reviens c'est urgent. reviens ou je viens te chercher... Reviens parce que je ne peux pas vivre sans toi...

La chanson de Dalida me vient en tete, c'est drole parce qu'en plus je la trouve ringarde... des paroles chantait elle a Delon... ce pourrai etre nous ce duo, mis a part que tu ne me trompes pas...

Le visage de fatoumi passe devant moi... putain ce qu'il est beau.

Nour s'est rendormie, son père chante une berceuse Bambara, pourvu qu'elle ne s'oublie pas sur moi !

mercredi 23 juillet 2008

Jour de liesse

La nuit s'enfuie, l'appel de la prière retenti et je ne peux plus dormir. Minou de toute façon va bientôt entrer en trombe en lançant son : ptit dej ! tonitruant... Quelquefois elle me saoule avec sa bonne humeur et son entrain du matin.

Je vais dans la douche et tremble a l'idée de la prendre froide, avec l'inondation de la salle de bain...
Quelle bêtise de vivre dans cette maison, sans clim, sans salle de bain convenable, a manger des plats locaux qui me rendent malade... Bon ce n'est pas son truc, a Minou, le confort mais quand même, je ne suis pas dans l'humanitaire moi, ok ? je ne suis pas la sainte que ma mère décrit lorsqu'elle parle de ma sœur chérie...

- Vous savez, Minou, est responsable d'un centre de développement au Mali, elle aide les gens a prendre leur vie en main, a construire des projets et elle est très aimée !

Ah l'amour que les gens portent a sa majesté Minou, la reine de l'aide aux autres, la diva devant qui tout le monde s'incline. Et pourtant, elle est partie loin de sa maman qui la chérie tant, elle ne s'est pas retournée, lorsqu'à 17 ans elle est tombée raide dingue de son black, et qu'elle a annonce qu'elle était enceinte. C'est moi qui ai séché les larmes de ma mère, c'est moi qui ai subit la longue litanie de ses reproches... et maintenant maman ne tarie plus d'éloge sur sa fille cadette chérie.
Il faut dire que la situation de sa fille ainée fait tache, et que c'est beaucoup mieux de dire a ses amies, et surtout a la femme du préfet, que sa petite dernière est un cadre apprécié d'une grande organisation caritative.

C'est vrai que moi je suis...

- Ptit dej ! annonce, comme prévu Minou, en entrant en trombe dans la chambre. Tu es dans la douche ?
- Tu appelles ça une douche ? tu es restée trop longtemps dans ce pays on dirai... c'est un jet d'eau froide.
- Tu râles, donc tu vas bien. Dépêche toi, Brahim va arriver dans un quart d'heure, et nous partons après, il y a 6 heures de route pour le lieu du mariage.
- Je veux pas y aller... fais-je boudeuse, en essuyant mes cheveux ruisselants.
- Tu n'es jamais contente, tu te fais une copine charmante dans l'avion, elle te propose d'être son témoin, et tu ne partages pas sa joie... mais qu'est ce qui ne va pas avec toi ?

J'élude la question d'un haussement d'épaule, je ne veux pas m'épancher, ni aller a ce stupide mariage, et pas revoir Fatoumi.
Il m'énerve avec son regard qui me transperce, son sourire blanc qui me donne envie de sourire pour rien, comme ça, parce qu'il est la... je déteste être heureuse de sa présence, et me sentir... jalouse d'Hélène !

Je passe ma robe bleue, en lin, et ramasse mon sac. Mon beau-frere ne va pas tarder et j'ai hâte d'être dans la voiture, climatisée, elle...

mardi 1 juillet 2008

Tarmac

Le soleil est brulant, et lorsque je découvre le tarmac je me demande ce que je viens faire dans cette galère.
Le voyage s'est bien passe, malgré l'emmerdeuse d'à cote, qui continue a me gonfler grave.
- Et s'il n'était pas la ? S'il n'était pas venu ? S'il m'avait oublie ? S'il ne m'aimait plus ?
- Allons il n'y a pas de raison... je m'évente la chaleur est insupportable. Je ne sais pas trop pourquoi je suis la, mais bon maintenant c'est trop tard.

Le bâtiment de l'aéroport se rapproche, je vais enfin avoir du frais, il doit être climatise. Je pénètre dans un endroit de deux cent ans, plein de bruit et de couleur, trop violent, trop...

- Donne moi ton billet madame, viens suis moi je te conduis...
Un petit homme se tiens devant moi, en blouse bleue, il me prends le passeport des mains et se faufile sous les invectives des personnes que l'on dépasse. je le suis, mais ne comprends pas tout.
Je passe la douane, l'employée en boubou me lance un regard méprisant, et me rends le passeport...
- Vous n'avez pas de visa, vous ne pouvez pas rentrer sur le territoire. laisse-t'elle tomber.

Elle est belle, grande, ses tresses savantes lui font comme une couronne et son tailleur africain lui donne une grande autorite.
Elle me toise.
- Ici, madame, on ne rentre pas si l'on est pas en regle, c'est comme en France, vous pourrez le dire a votre président, lâche t'elle sous le regard méduse du petit homme, affole de perdre son pourboire.

La foule s'est tue et me dévisage.

La toubab va rentre au pays, elle se fait reconduire. Par cette décision, l'employée de l'aéroport venge tous ses frères qui se font refouler par les crs lorsqu'ils descendent de l'avion...

- Puis-je voir votre supérieur ?
- non madame, votre passeport n'est pas en règle, il n'y a pas d'alternative.
- Mais enfin, une amie m'attends, je suis venue parce qu'elle a besoin de moi.
- Ce n'est pas mon problème, madame, vous n'avez pas de visa, un point c'est tout !
- Que se passe t'il ? un homme imposant en uniforme kaki se tient devant le bureau de la douane et regarde autour de lui, quêtant les marques de son pouvoir dans les gestes de la foule.
Les personnes autour de moi sont en haleine...
- C'est ridicule monsieur l'officier, dis-je pour reprendre la parole avant l'autre cerbere, je viens de toute urgence dans votre pays pour aider une amie, qui travaille dans une ONG, et qui a besoin de moi...
- Une ONG ? laquelle ? encore une pieds nickele qui veut aider l'Afrique ? il rit, comme la majorite des personnes autour de moi.
- Faites profil bas et mettez 20 euros dans le passeport ! je me retourne lentement et considere le pauvre cretin qui me donne des lecons.
- Non je reprouve ce genre de choses, lache-je outree.
J'ai chaud et un vague mal de tete m'enserre les tempes. Le petit homme en blouse bleue me demande
- Ton amie t'attends peut-etre ? dis moi son nom je vais la chercher.
Bonne idee, je lui decris rapidement Minou.
Il s'en va, l'officier regarde avec attention mon foutu passeport...

- Bonjour, mon oncle !
- Fatoumi, mon neveu préféré, que fais-tu ici ?

Un grand jeune homme, noir comme la suie, s'avance derriere le comptoir. il me souris et je vois derriere lui ma compagne de voyage.

- Je te présente ma fiancée française, helene, nous allons nous marier... Pourquoi tu ennuie son témoin ?
Helene me fait un clin d' oeuil, je suis abasourdie...

L'oncle officier rétorque que je n'ai pas de visa, que je ne peut pas entrer sur le territoire.
Fatoumi s'esclaffe baragouine quelque chose que je ne comprends pas, et son oncle rit a son tour.
Le claquement du cachet retenti alors et il me rends mon passeport en disant :
- Soyez plus circonstanciée la prochaine fois mademoiselle. Bienvenue, et vive la mariée !

Je regarde Fatoumi sans comprendre pendant qu'Helene m'entraine vers les bagages.

- Mais que lui avez vous dis ?
- Que vous etiez ma potentielle seconde femme...

vendredi 20 juin 2008

une autre vie...

Je suis en retard, le taxi fonce vers Roissy, mais je vais louper mon avion... Comment te joindre, et surtout comment te dire... pourquoi, d'ailleurs, te le dire ?
Encore t'entendre geindre, t'apitoyer sur ton sort :

- Je suis seul, si seul, plein de trous, quand tu n'es pas la.
Et je me laisserai attendrir par tes larmes ou ta colere.

Mais l'amour est loin ou pres, encore la ou pas encore totalement parti, alors lorsque Minou me demande de la rejoindre, je ne fais ni une ni deux, je saute dans un taxi avec ma legere valise et mes tonnes d'amertume...

- Madame, eh oh madame, vous etes arrivee...

La porte de l'enregistrement clignote, je cours comme je te fuis... la douane se passe etrangement bien, avec, aussi, une sorte de lenteur, comme pour me dire :

- Tu fais le bon choix - cours ne te retourne pas.

J'aime les avions et cette sorte de paix du decollage. Tout le monde attends, sagement, en pensant a sa vie, comme si demain etait incertain...

Je suis a cote d'une fille qui pleure, elle a peur, elle se signe et dans un geste enfantin elle me prends la main...

- Excusez-moi, je suis bete mais je n'aime pas l'avion.
- Alors pourquoi le prenez-vous ? dis-je mechament.
- Pour rejoindre Fatoumi
- mon fiance ! dit-elle devant mon air interrogateur
- Ah l'amour, je me decide a sourire devant son air juvénile et les larmes séchées qui laissent des traces sur son visage blême.
- Oui il est... parti. Il y a une semaine. Les flics sont arrives alors qu'il etait au guichet pour la regularisation. Pourtant il avait tous les papiers, mais ils lui ont dit que c'est comme ca, ils en prennent un sur trois, ou sur quatre, quand les enfants sont avec les parents ils n'osent pas toujours.
- Ah il est clandestin ? je ne m'y interresse deja plus.
- Oui mais nous devions vivre ensemble apres mon diplome.

Elle sourit, me decrivant leurs gentils projets, un travail fixe, une maison a credit, un chat, et, bien-sur des enfants... le tout avec un air de ravi de creche.

J'ouvre un livre, agacee, son bavardage m'ennuie.
- Pardon, je ne sais pas ce qui me prends de vous dire tout cela, mais je suis triste de quitter mon pays, et puis j'ai peur, mes parents ne sont pas d'accord, et puis je ne le connais peut-etre pas si bien... sa voix se brise dans un sanglot.

Je la considere, elle est banale, mais si touchante dans son desarrois.

Suis-je encore capable d'etre comme elle, je me sens seche, vide, pleine de trous comme toi.
Dans un eclair je comprends ce que tu me dis depuis tant d'annes...

Je suis incapable d'aimer,
et surtout pas moi.