jeudi 4 décembre 2008

Chapitre 4

Nour danse autour de moi et chante a tue-tête. Ca fait du bien d’entendre son rire cristallin. Le silence qui règne chez Minou et Brahim, depuis que nous sommes revenus en hâte de Ségou, me rend folle.
Je rougis à l’évocation de cette honte incommensurable, cette horreur que j’ai commise, que nous avons commise. Je serre très fort les yeux pour chasser cette vision.
Tu as encore combien de temps a attendre ? me demande Minou froidement
Deux heures, réponds-je sans la regarder lâchement. Mais tu n’es pas obligée d’attendre avec moi, rentre, Nour va avoir envie de dormir et…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que ma tête explose. Comme dans notre enfance Minou vient de me gifler a toute volée. Des petites taches noires dansent devant mes yeux tandis que ma joue me cuit violement.
Minou pleure, et moi aussi … Nour s’est arrêté de chanter et de danser et reste immobile, interdite devant ce geste de violence de sa mère.
Tu l’as mérité ! Chuchote Minou. Je suis désolée mais il fallait que ca parte, que je puisse te dire que je t’aime avant que tu partes et que je ne te revoie que dans de longs mois. Je suis si en colère de ce tu as fait…
Nous,
Oui, vous, mais enfin tu es plus responsable…
Quoi ? Mais on était tous les deux et lui aussi était a poil je te signale ! Je suis outrée.
Si tu sais tres bien qu’en tant que femme on peut dire non !
Oh, je suffoque devant tant de mauvaise fois, mais on dirai maman quand tu parles comme ca ! décidément être mariée a un musulman ne te vaut rien…
Laisse Brahim en dehors de cela ! Parce que je te signale que c’est le seul a te défendre, tout musulman qu’il est ! Minou crie et tout le monde nous regarde – cela deviens intéressant, ces deux toubabs qui se disputent…
Je regarde le bout de mes chaussures. Je vais cailler à Paris avec des sandales estivales. J’aurais peut-être du prendre mes autres chaussures. Oui penser a des choses futiles, ne pas revoir les visages des invites de la fête, ne pas revoir la figure de cendres d’Hélène, ne pas entendre la belle-famille m’insulter, m’invectiver alors que je monte dans la voiture et que Brahim démarre en trombe.
Ne plus penser a ces deux jours qui furent les plus longs de ma vie,
Mais me dire que demain je reprendrai ma vie de chienne de race en laisse que l’on promène de cocktails en vernissage, que l’on caresse, que l’on cajole… Tu vas m’attendre a l’aéroport.
Tu étais si heureux de savoir que je rentrais, tu fus charmant, a ton habitude ne me posant aucune question, te contentant de prendre un train pour me rejoindre a Paris.
Pour être plus vite avec toi, ma beauté, et nous resterons le week-end entier ! Je prends des places pour le théâtre, et nous dinerons chez… non je ne te dis rien ce sera une surprise ! je t’aime et je suis si heureux que tu me reviennes rien d’autre ne compte que toi et ton sourire, même s’il est rare !
Pourquoi ? Pourquoi as-tu fais ca Sélèna ?
Mais tu m’emmerdes a la fin… j’explose de ces deux jours ou elle me fait la leçon, alors que je suis déjà morte de honte.
Je te dis que nous étions deux et ca ne se commande pas. Tu sais ce que c’est pourtant les pulsions et ben c’est ca… une pulsion, un truc que je ne pouvais pas contrôler et je suis désolée pour Helene, je suis désolée pour toi et pour Brahim. Mais cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu envie d’un homme, alors je n’ai pas résiste et…
Mais enfin, le jour de son mariage !
Oui je sais, je suis désolée, que te dire de plus ? Aucun mot ne peut excu…
Merde ! Encore vous ?! Laissez la tranquille…
Excusez-moi mais je dois lui parler, lance Fatoumi sans me quitter du regard.
Ah non alo…
Laisse-nous s’il te plait, Minou, s’il te plait. Je ne la regarde déjà plus et elle s’éloigne avec Nour persuadée que sa mère va lui acheter une glace.
Reste !
Pour être ta seconde femme ?
Non pour être ma maitresse, je ne te veux pas enchainée, je te veux libre comme un oiseau,
Oui c’est plus commode en plus… Comment va Helene ?
Elle pleure, comme d’habitude, mais pour une fois elle a raison. Elle ne veut pas repartir en France car elle dit que tu m’as envoute et que son amour arrivera à me sauver de toi.
Je regarde son beau visage d’ébène, et la chaude puissance de sa voix me donne la chair de poule. Nous sommes de nouveau deux êtres de chair l’un en face de l’autre et nous pourrions de nouveau faire l’ amour la, devant tout le monde dans cet aérogare, comme la première fois dans la cour de la maison du griot.
Non, je ne veux pas… je ne veux pas être a toi, ni être a qui que ce soit. Je suis moi et seule… je ne resterai pas avec toi de toute façon, tu ne peux pas me donner ce que j’attends.
Le sais-tu toi-même ? son regard fouillai mon âme.
Non tu as raison je ne le sais pas – mais je sais que ce n’est pas avec toi que je le trouverai… je me détournais et la main qu’il avança rencontra mes cheveux.
Brusquement il me prit dans ses bras et m’embrassa, comme on se noie.
Et bien mon neveu tu es reste trop longtemps en France, on ne traite pas les chiennes par des baisers mais par des coups de pieds.
L’oncle de Fatoumi, commissaire de l’aéroport se dressait devant nous. Minou, qui l’avait rejoint voulu rétorquer mais je lui dis sèchement que cela n’était pas la peine.
Venez avec moi je vais vous faire passer et vous mettre personnellement dans l’avion. Je serai sur comme cela que je ne vous reverrai pas.
Je peux lui dire au revoir quand même ? lâcha hautaine Minou. Elle m’embrassa, et le baiser qu’elle me donna fut sale, et amer. Je ne serais pas la pour la naissance de son fils, le verrais-je un jour ?
La petite Nour noua ses bras autour de mon coup : ne t’en va pas tata Sesse… je t’aime, reste s’il te plait.
Au revoir ma lumière, je te verrais chez Granie, pour noël.
C’est vrai, maman ? le visage de la petite puce s’illumine, on pourra voir tata sous la neige ?
Oui, non – je ne sais pas… le visage de Minou montre qu’elle aussi sait que je ne serai pas la pour Noel, je ne serai de toute façon pas la bienvenue.
Tu ne verras pas ton neveu ? et pourtant j’avais besoin de toi… de ta force, si cela deviens aussi dur que la dernière fois ?
Non – je rétorque violemment, comme si elle ne savait pas que je n’étais pas libre, enchainée a ma vie de demi-mondaine.
Je marche derrière l’oncle de Fatoumi, il est gonfle de son importance, et je soutiens sans peine son regard de haine lorsqu’il me rend mon passeport dans la salle d’embarquement.
Je monte dans l’avion après les contrôles d’usage, et je me retourne en haut de la passerelle, il m’a fallu trois semaines…
Pour détruire la vie d’Hélène, faire pleurer ma sœur, m’attirer la haine d’une famille qui m’a reçue en amie, et pour retomber amoureuse, quinze ans après.

1 commentaire:

Delphine a dit…

Je veux la SUITE TOUT DE SUITE !!!!!!!!!!!
Salut je decouvre ton blog et particulierement ton livre et je suis tres impatiente de te lire a nouveau pour la suite alors? on est en janvier ! ton blog est tres sympa, j'ai decouvert le tien par mon pote S.MONTANA a bientot tres bientot pour la suite