jeudi 4 décembre 2008

Chapitre 5

Je marche dans les rues de Paris, heureuse de ne plus etre obligee de te supporter. Je ne suis la que depuis hier mais déjà tu m’as collee a trois diner, deux dejeuners et la soiree de bienfaisance pour ta cretine de fille, qui me deteste. A juste raison apres moi elle n’aura plus rien sur son heritage !
Et oui je marche, bien decidee a me confronter au passe, a ce passe qui me colle a la peau. C’est fou que ce voyage m’ai donne la force de revoir Marc. La force ou la haine je ne sais pas encore trop.
Mais je savoure d’avance la tete qu’il fera en me voyant, je sais ce que je lui dirai en lui envoyant mon sourire le plus charmeur, cet air qui fait cracher des millions a ces cons de banquiers… quinze ans que j’attends ce moment, en le redoutant, en le revant, en le peaufinant, sans jamais avoir le courage de le vivre.
Alors oui ce matin je suis prete. Enfin !
J’arrive devant le cafe de notre fac, il a trouve charmant l’idee de ces retrouvailles a cet endroit precis. Comme prevu il est la, puisque je suis en retard.
Ah cet air… Ah cette figure decomposee, lorsque je suis debout devant lui…
Selena ? c’est toi ? non ?
Mais oui je suis comme le vin je me bonifie en vieillissant. Je lui depose une bise d’enjoleuse.
Tu portes toujours Shalimar ? Comme… avant ? sa voix marque a peine une legere hesitation sur le mot.
Non, j’ai change, mais en souvenir de toi j’en ai achete un flacon… Il prend mon rire en pleine face, déjà conquis.
Tu as change.
Pas toi toujours aussi seduisant, avec juste quelques lignes autour des yeux, et je souligne doucement mes paroles d’un regard appuye sur ses rides. Puis je descend jusqu'à la bouche.
Il rougi violement, Ils sont tous pareils, j’en ai marre que ce soit si facile…
Alors parle moi de toi… lui demande-je dans un sourire.
Oh rien de bien folichon, je suis marie comme tu le sais, j’ai deux filles, des jumelles, elles ont 10 ans, et ce sont des princesses…
Il continue de parler pour cacher sa gene de son petit bonheur bourgeois, de son pavillon de banlieue ouest, de sa passion pour la chasse a cour, et de ses chiens…
Quel con ! je n’en reviens pas qu’il soit devenu cela. Nous devenons ce que nos parents veulent faire de nous dixit ma mere. Et bien si cela a echoue pour moi, ca a reussi avec lui !
Ou est passe le bourreau des cœurs, celui qui faisait chavirer jusqu’au chargees de TD, celui qui arrangait les foules en promettant un avenir meilleur ?
Ou est passe celui qui m’a fait tout arrete par amour, celui grace a qui je suis devenue une pute ?
Tu bois quelque chose ? toujours du the a la menthe ?
Au jasmin, je buvais du the au jasmin, mais non maintenant je bois du champagne…
Ah ? alors deux coupes… mais bon a 10 heures je n’ai pas l’habitude, oh et puis tant pis c’est fete puisque je te retrouve. Bon sang ce que tu as change, je n’en reviens pas !
Pour quoi ? j’aurais du rester la becasse qui t’applaudissait, qui t’adorais, et que tu…
Tu es tres gentil, mais bon c’est normal, nous evoluons tous… je levais ma coupe et lui lanca un « salud » qui acheva de le conquerir.
Parle moi de toi, qu’est ce que tu as fait apres notre derniere annee ?
J’ai avorte de l’enfant que tu m’as fait, et j’ai continue faire ce que tu m’avais appris a faire…
Je me contentais de lui donner la version officielle, celle de la brillante avocate qui entra dans un cabinet de juristes a Geneve, et qui arreta de travailler apres avoir epouse son patron. Qui eu la tres bonne idee de mourir un an plus tard. Alors n’ayant plus le gout du barreau, je voguais de continents en continents, dans une vie oisive mais passionante, me dediant a des œuvres de bienfaisance. Je lui parlais de mon appartement a Lausanne, plus tranquille que Geneve, et de mes frequents voyages pour les besoins de ma fondation pour la promotion de l’art contemporain.
Je ne lui parlais pas des dettes de mon cher mari, qui s’obstinait a se croire excellent boursicoteur, et qui a fini ruine, en slip… et moi aussi. Je ne lui parlais pas ensuite, de ce que je fis pour me sortir de la merde financiere dans laquelle mon cher et tendre m’avait laissee, ni de la soif d’argent qui me pris et des magouilles que je montais sous pretexte de promotion de l’art… Je ne lui parlais pas non plus de toi, qui m’attendais a l’hotel.
Ah, et bien on aurais jamais cru que tu irais si loin… dit-il, maladroit. Enfin non c’est pas ce que je voulais dire, c’est juste que… enfin bon tu n’etais pas tres… tres…
Tres ?.. brillante ? je finissais sa phrase.
Ok, je m’enfonce. Desole, je ne voulais pas mais c’est vrai que quand on a eu notre petite aventure, tu ne cassais pas des briques alors que maintenant tu es sublime ! si si sincerement tu es tellement femme, et… ouah j’en perd mes moyens.
Non ne t’excuse pas, tu as raison ! je ris alors que j’avais envi de le mordre. Et toi tes soucis financiers se sont arrange j’ai l’impression. Dis-je en lancant un regard a la festina qui ornait son poignet.
Ca ? oh oui ! c’est un cadeau de ma femme, elle a une bien meilleure situation professionnelle que moi, elle est top manger dans un labo pharmaceutique, ca te choque qu’elle gagne plus que moi ?
Non, ca ne change pas… merde pourquoi j’ai dit ca ? quelle conne ! bon c’est trop tard alors assume…
Oui je ne suis pas fier de ce qui s’est passe… mais tu etais d’accord et puis on était jeune, un peu dejantes… son regard est affole, il croit que je vais le planter la sans qu’il puisse me sauter de nouveau.
Je rattrapais la situation en posant un doigt sur ses levres : Chuuuuuuttt, si je t’en voulais je ne serais pas la.
Oui c’est vrai je suis bete… il est rassure – je pense meme que tu eprouves encore des choses pour moi - il s’ enhardi le bougre et se dit que je suis toujours amoureuse de lui…
J’eclate de rire.
Je suis percee a jour, durant toutes ces annees tu as été mon regret. Et je l’acheve en lui posant un baiser leger sur les levres…
Le visage de Fatoumi passe et je le chasse. Non aujourd’hui je quitte la vie d’avant, je quitte tout ce qui me reste de rancœur, je passe a autre chose demain.
Mais avant il me reste un pigeon a plumer…
Je jette un billet de 100 euros sur la table sans le laisser payer…
Nous nous revoyons dans 15 jours a Lausanne alors ? Je serais heureuse de te retrouver pour le vernissage de ma nouvelle expo…
Le baiser que je lui donnai fut le plus lent, le plus profond de toute ma carriere…

5 commentaires:

Yibus a dit…

la suite, la suite...
(la carrière, hin, hin!!)
(sinon, tu as fait un plan, tu improvises, tu es partie pour combien de pages, des chapitres, ??)

Unknown a dit…

Je le savais que ca sortirais un jour.
Et promis ca me derange pas de regarder des series pendant que tu ecris les autres chapitres.
Ton futur public m'en voudrais beaucoup de briser l'elan.

Et tu peux deja ajouter Lyne dans les remerciement pour t'avoir ennervee au point de laisser sortir tout ca en une demie journee

Yibus a dit…

ah, enfin des nouvelles du mari !!! Important, les conjoints quand on écrit (pour supporter nos nerfs, cf regard émue vers ma femme pour la crise d'hier soir...)

Homéo a dit…

tout lu en deux jours (pour faire durer le suspens) ... génial, encore, encore, encore....
sinon mêmes questions que Yibus "tu sais où tu vas?"
Bon la suite vite ....
Et merci pour le plaisir.

nagaelle a dit…

Bravo ! J'aime beaucoup !